Sans états d’âme! Dans une autre vie, Hawa était chargée de clientèle dans une banque. Un métier aux antipodes de ses principes de vie. On lui demandait de vendre « des produits financiers à des familles qui n’en avaient même pas les moyens ». Elle cherchait juste à mettre ses compétences au service des personnes. Sans rien attendre en retour.
Un domaine d’activité jonché d’embûches qu’elle a su apprivoiser
Le social, un domaine d’activité jonché d’embûches, certes, mais qu’elle affectionne plus que tout. Suivre les enfants, les aider et s’assurer que tout va au mieux pour eux à l’école et au sein de leur famille, rythme inlassablement ses journées, depuis que cette férue des balades en forêt a tout plaqué pour se consacrer uniquement à eux.
Entre faire le point au quotidien pour les deux établissements dont elle a la charge, les réunions de suivi des élèves, la réception de ses derniers, les réponses aux mails, Mme Magassa est une touche à tout, aux journées bien chargées. La quarantenaire qui se donne à fond dans son travail est une boule d’énergie qui refuse d’être scotchée à son bureau. « Je prends un temps pour les écrits administratifs ou de protection des mineurs. J’accompagne parfois les élèves au sein des différentes structures partenaires. » Sur le terrain, elle se dépense sans relâche!
L’amour du métier, allié à l’envie de bien faire et surtout de voir les enfants s’épanouir sont des booster indéfectibles pour cette divorcée qui ne semble jamais poser le pied sur le frein. Elle confie: « Parfois, je rentre chez moi et je pense aux situations difficiles auxquelles j’ai été confrontée. Mon travail impacte des fois sur ma vie familiale puisque parfois je suis obligé de laisser mon numéro en urgence,
lorsque je sais qu’il y a une situation compliquée ou que ça va être compliqué pendant les vacances, etc. »
Très émotive sur les bords, cette mère de deux enfants qui joue en terrain connu arrive, cependant à faire la part des choses. De ses cinq années passées en milieu hospitalier dans des services assez durs émotionnellement, elle en a gardé une force qui lui permet d’avancer, même s’il est vrai que se détacher totalement est un combat de tous les jours: » J’essai le plus possible de faire une réelle séparation, c’est-à-dire que quand je sors du travail, j’endosse mon rôle de maman et c’est ma famille qui compte. Mais vous aurez compris que travailler avec de l’humain, ce n’est pas toujours facile. »
Un dévouement qui conduit cette mère poule à travailler à temps partiel afin surtout de pouvoir prendre soin de ses enfants, les récupérer à la sortie de l’école et « se consacrer à eux » durant les vacances.
S’appuyant sur son expérience, elle mesure le combat de toutes ces femmes seules ou divorcées soumises aux regards d’une société accusatrice qui, en les jugeant, ne leur pardonne rien. Battant en brèche tous ces clichés, elle se bat pour une implication des pères dans l’éducation de leurs enfants et le droit pour les femmes d’exiger pleinement cette implication qui fait défaut, surtout dans la communauté africaine.