Seulement, Seynabou le sait très bien! L’héritage à lui seul ne suffit pas pour décrocher la lune. Le talent qui la propulse jusqu’aux Etats-Unis, la pensionnaire de l’université d’Arkansas, depuis trois années déjà grâce à une bourse sportive après son baccalauréat, le doit à son abnégation et à sa détermination indéfectible. Les yeux rivés vers le haut niveau, elle laisse échapper, entre deux confidences: » (Le haut niveau) reste toujours un rêve que je n’ai toujours pas atteint. Je fais de mon mieux, je travaille dur, je m’entraîne pour atteindre mes objectifs. » Sans rien lâcher!
Mème si le rythme est très soutenu, il en faut beaucoup plus pour décourager la jeune femme qui, du haut de ses 21 ans, avoue être une compétitrice dans l’âme. Et malgré des journées monstres de dix heures partagées entre ses humanités, les entraînements et petites pauses pour souffler, Zaynab, comme on l’appelle affectueusement, trouve un moment dans la semaine pour poser le ballon et enfiler sa toque pour concocter quelques plats.
Elle ne semble jamais se reposer pour profiter au maximum de la vie, les ailes déployées dans le vide, à la conquête de l’immensité du rêve américain.
La quête d’indépendance, c’est bien elle, aussi. Du haut de ses 1 mètre 98, la coquette sénégalaise qui tire sa force de sa mère, son « inspiratrice », prend ses responsabilités, dès qu’elle pose ses valises sur le sol de l’oncle Sam, en décidant de vivre seule. Même si deux membres de sa fratrie vivent non loin d’elle, ce choix difficile pour quelqu’un qui a toujours vécu en famille, lui forge une personnalité de roc pour affronter la vie: « Bien vrai que j’ai une sœur et un frère qui vivent ici au Texas. Je vis seule, j’apprends à être indépendante, à ne dépendre que de moi(…)Ce n’est pas du tout facile. On a besoin de soutien moral , surtout dans le sport où c’est vraiment dur. »
La démotivation effleure parfois ses pensées, juste le temps d’une rose. La vocation reprend toujours ses droits et chasse les démons de la solitude. D’un ton posé, elle confie: « . Parfois tu penses à abandonner. Tu te retournes, tu ne vois personne. Parfois tu tombes malade, il n’y a personne pour t’aider, mais c’est un choix qu’on assume et espérons que ça vaut le coup at the end of the day. » Tant de sacrifices, n’empêche pas son cœur de battre pour quelqu’un. Cachotière, Zaynab jongle très bien entre sa vie sportive et sentimentale, trouvant toujours du temps pour les gens qu’elle aime.